La société de Tir au Canon a été créée en 1852 et a connu bien des tourments avant de s’installer, dès 1938, sur le site actuel des Moraines.
Aujourd’hui, beaucoup d’anciens carougeois et leurs descendances ont leurs noms rattachés à cette société, mais peu d’entre eux savent son historique et les nombreux « nouveaux carougeois » qui élisent domicile dans cette chère cité, ne connaissent même pas son existence.
Son historique est passionnant, car il est vraiment lié à l’histoire de Carouge et notamment à la Vogue.
En 1852, la Société de Tir au Canon est créée par quelques carougeois désireux de s’entrainer à des tirs volontaires sur leurs terres et non plus au stand de la Coulouvrenière, comme leurs camarades carabiniers de Genève. La carabine étant lourde, un inconnu eut l’idée de fabriquer un petit canon fixé à un affût en fonte. L’appareil de détente reposait sur une vis réglant la hausse, la dérive gauche-droite étant corrigée par une 2ème vis qui bougeait le déplacement du canon par un ressort sur l’affût.
Enfin, ces messieurs habillés en queue de pie, n’avaient plus besoin de se coucher par terre et de se salir et ces dames moins besoin de frotter leurs vêtements à leur retour du stand.
Ils trouvèrent un terrain appartenant au pensionnat pour jeunes filles des Fidèles Compagnes de Jésus (emplacement actuel de la rue du tunnel). Un terrain long de 200 mètres, les balles pouvant aller se loger dans la moraine.
En 1858, la société passa un accord avec la mairie de Carouge pour acquérir 2 gros canons sur roues afin d’animer les Vogues. Vous pouvez admirer ces canons au stand lors des diverses manifestations de la société.
Un bâtiment avec une entrée majestueuse flanqué de 14 stalles tournées vers la moraine, vit le jour en 1859, après accord passé avec le canton de Genève et à condition que la bâtisse tienne lieu de bureau de vote pour toute la rive gauche et surtout de salle des fêtes pour les promotions et les bals, grâce à son parquet ciré.
Chaque année 2 ou 3 tirs annuels étaient organisés et à chaque vogue, cantines et bals terminaient les festivités. La Vogue qui d’ailleurs durait 3 jours, le lundi étant jour férié pour tous, à l’issue duquel le Roi du tir au canon était célébré par un grand cortège allant du domicile de l’élu jusqu’au Rondeau de Carouge et retour.
Le reste du temps, le champ entre les cibles et le stand redevenait pâture pour chèvres et moutons et place de jeu pour les galopins, tel Emile Dufaud, Ernest Tagliabue et autres futurs footballeurs d’Etoile Carouge.
Avec la 1ère guerre mondiale, arrive une période de disette; plus de munitions; plus de tir annuel; plus de vogue et plus d’argent. M. J. Dalphin, président à l’époque dut quasiment se résoudre à vendre le terrain puis les installations. Une convention pour l’utilisation du stand est signée pour 40 ans avec la commune de Carouge. Mais les soucis continuent et un déménagement du stand de tir est à l’ordre du jour car il faut construire. Nous sommes en 1938, la population grandit et il manque des logements, l’immeuble Carouge Terrasse voit le jour à la rue Joseph-Girard. Nouvelle mutation du stand à la place actuelle le long de la moraine. Les canons sont modifiés par Adolphe Knuchel pour le tir au petit calibre.
Le tir au canon est sauvé et prospéra sous la présidence du Dr Masson. En 1952, le centenaire de la société est fastueusement célébré.
En 1962, il s’étend sur 2 week-ends consécutifs, le 1er pendant la fête communale, le 2ème durant le week-end qui suit. La fête du lundi est supprimée.
M. Mermillod introduit le titre de Champion, qui récompense le tireur le plus adroit à l’ensemble des cibles. Le titre de Roi est attribué à celui qui à la mouche la plus proche du centre de la cible commune.
La mouche n’est point celle de la pêche, mais bien le centre de la cible, un rond d’un diamètre de 20 mm de diamètre qui se divise en 360 degrés (360 parties par rapport à son centre) et grâce à un appareil ingénieux, les mouches sont mesurées, le centre parfait étant le 0°.
Avec la présidence du Dr Anthony Dottrens, tireur passionné, les cartes de tir apparaissent. M. J.-C. Matthey, fidèle caissier, Jean-Pierre Tagliabue dit Tac-Tac, Robert Ducret, Jacques Guillermin, Raymond Zanone, Gérard Simond et bien d’autres fidèles de la société sont au comité. Le tir au canon de Carouge est le seul en territoire genevois à permettre à une femme d’accéder au titre; la 1ère reine sera la fille de M. Robert Ducret en 1981, Mme Claude Anken-Ducret. Pour l’anecdote, à Veyrier (seul autre stand de tir restant) une femme ne peut encore être couronnée.